Frédéric Rossif, un passionné de la vie, des hommes et des bêtes

Le réalisateur Frédéric Rossif s’est éteint le mercredi 18 avril 1990, à l’âge de soixante-huit ans, d’une crise cardiaque. Sa mort ressemble à sa vie, rapide et fulgurante. Il naît le 16 février 1922 au Monténégro. Il débarque à Paris après la guerre et commence à travailler à la Cinémathèque. Mais sa réelle existence médiatique date de 1950, quand il entre à la télévision, à l’époque embryonnaire, et crée le service des achats extérieurs. Ensuite, il devient producteur de deux séries «Editions spéciales», la première ayant trait au grands événements historiques, et la seconde étant consacrée à «La vie des animaux», montages de documents commentés par Claude Darget, un autre pionnier de la télévision française.

Michel DuchaussoyC’est d’ailleurs dans ce dernier domaine que Frédéric Rossif acquiert très vite une extraordinaire popularité. Quatre cassettes parfaitement représentatives de sa vision humaniste du monde animalier sont actuellement disponibles à la vente (149 francs, prix indicatif) aux Editions Montparnasse. « Rythme africain », « Les espaces des animaux», «Le peuple des ailes» et «Les animaux du bout du monde» nous présentent avec acuité et grande intelligence la faune bigarrée qui peuple la planète. Après une collaboration éphémère à l’émission de François Chalais, «Cinépanorama», Frédéric Rossif décide de se lancer dans le long métrage et réalise, en 1961, «Le temps du ghetto», implacable document d’archives et de témoignages sur le calvaire et la révolte des juifs dans le ghetto nazi de Varsovie. Deux ans plus tard, il récidive avec l’extraordinaire «Mourir à Madrid», sur la guerre civile espagnole. Malgré les incessantes critiques de la Nouvelle Vague, qui enterrent sans discernement sa façon de se servir du montage et son goût pour l’esthétisme, le film obtient un grand succès public. Après la réalisation de fabuleux documents (« La Révolution d’Octobre», en 1967, «Un mur à Jérusalem», l’année suivante, et, en 1969, «Pourquoi l’Amérique? »), il s’essaie au cinéma de fiction, en 1971, avec «Aussi loin de l’amour», interprété par Michel Duchaussoy et Francine Ra-cette. Et là, le public ne suit plus. Peu importe, le grand Rossif se consacre alors à de nombreux documentaires d’art, parmi lesquels on peut citer «La route romane», «Georges Braque» et «Pablo Picasso». A partir de ses séries télévisées sur les animaux, il met en scène avec bric) des films de cinéma étonnants, baroques et lyriques comme «La fête sauvage» ou «Sauvage et beau», respectivement en 1975 et en 1984. Deux ans plus tôt, il réalise un film-hommage intéressant mais discutable, intitulé «Jacques Brel». Mais son plus gigantesque travail reste «De Nuremberg à Nuremberg», soit trois heures de documents édités en deux cassettes, au prix unitaire de 149 francs, aux Editions Montparnasse, qu’il a réalisé en 1989. Il est des hommes immortels, Frédéric Rossif est de ceux-là…

mercredi, janvier 29th, 2014 Mes sujets chauds

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