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«Ailleurs», votre dernier album, sorti à la fin de l’année dernière, n’a pas du tout le même style que les précédents. Comment êtes-vous passé de la variété française à des mélodies beaucoup plus classiques?

Je n’aime pas le terme «classique». Mon album ressemble à du classique à cause des instruments qui y sont utilisés. Les mêmes morceaux interprétés au synthétiseur ne feraient pas cet effet.

Avez-vous toujours eu envie de vous orienter vers ce style de musique?

Oui, mais jusqu’à présent, je n’avais ni les moyens ni les possibilités de le faire. La variété ne représentait ni plus ni moins qu’une façon de mettre un pied dans le show-business et de m’y faire un nom. Aujourd’hui, j’ai envie de faire des chansons qui se, rapprochent des musiques de film, mais aussi de tourner des clips. Pourquoi la musique serait-elle l’unique moyen d’accompagnement d’un chanteur? Quand le décor et l’histoire sont suggérés dans la chanson, on plonge beaucoup plus facilement dans les images et on découvre du vrai cinéma à écouter…

Votre présence médiatique est plutôt irrégulière. Quelles raisons vous ont poussé à mener une carrière en dents de scie?

Il y a deux métiers : le vedettariat et la musique. On ne peut pas faire les deux en même temps. J’ai essayé le premier et je n’avais plus le temps de travailler. Il y a un système qui pousse les chanteurs à sans cesse répondre auxjournalistes. Au bout d’un moment, ils ne se rendent même pas compte qu’ils n’ont plus rien à raconter que des histoires de stars qui n’intéressent personne. Quand je décide de pointer le nez, les médias répondent présent et les gens s’intéressent à nouveau à moi. Et puis, je trouve plutôt agréable de pouvoir se retirer pour prendre le temps de vivre et d’écrire.

Avez-vous des copains ou des ennemis dans le showbiz?

Non, je ne dérange personne. Je vois peu de monde à cause de l’entourage des artistes (attachés de presse, éditeurs…) qui m’insupporte. Il y a des gens comme Jonasz.

Higelin ou Véronique Sanson que j’aime bien et que je rencontre de temps en temps.
Vous avez un maître?

Mes références sont Gershwin, Stravinski… et les Beatles!

Quel est, pour vous, le meilleur espoir de la chanson française?

Jean-Louis Murat. Tout ce qu’il a en réserve est très prometteur…

Vanessa Paradis, Patricia Kaas?

La première, non, et la seconde est trop « bluesy gadget». Je préfère Guesch Patti, bien qu’elle tourne un peu en rond!
Les paroles de vos chansons ont une connotation philosophique et religieuse…

Etes-vous croyant?

Je ne crois pas aux dogmes ni aux écritures. Si on les regroupe toutes depuis des millénaires, on retrouve des similitudes et c’est ça qui est intéressant. Je ne suis pas athée, mais je ne supporte pas l’intégrisme.

Compositeur, chef d’orchestre, chanteur, comédien… Qu’est-ce qui vous excite le plus?

De m’asseoir devant une feuille blanche et d’écrire de la musique pendant des heures. Après vient la chanson. Quand je chante, c’est pour essayer de placer ma musique. Je ne suis pas un chanteur et j’aimerais beaucoup écrire pour les artistes qui savent chanter. Quand j’écris pour moi, c’est trop limité et je suis souvent piégé… Le summum a été évidemment «Excalibur».

Pourquoi avoir traité la légende des Chevaliers de la Table ronde à la manière d’une bande dessinée de science-fiction ?

J’ai été voir Philippe Druillet, auteur de bandes dessinées et ami de longue date, parce que je savais qu’il me ferait un clip «space opera», un clip qui ferait rêver comme à l’époque de la Table ronde. La seule façon de rêver est «l’héroic fantasy».

Votre clip est, paraît-il, un des plus chers jamais produits en France. Comment pensez-vous le rentabiliser?

Nous avons fait du clip d’« Excalibur» un objet. Polygram Music Vidéo propose un coffret avec le clip, le making of (tournage du tournage — NDLR), le CDV et le story-board dans une série limitée, numérotée. Il y a, dans ce cas, une éventuelle possibilité de rentabilité. C’est certainement un objet qui sera, grâce à Druillet, coté sur le marché de l’art dans dix ans. Sinon, il est vrai que les clips sont indirectement rentabilisés par les concerts et la vente des albums. Mais quand on dit que c’est un clip cher, on additionne tout ce que la production aurait dû payer si personne ne nous avait subventionnés. On atteint alors les deux millions de francs. Ce qui n’est pas beaucoup plus que «Le pull marine» d’Isabelle Adjani (1,5 million de francs à l’époque). On vous a surnommé l’Elton John français…
Et cela m’énervait! Au début, c’était bien, mais maintenant c’est de la soupe. Du showbiz à l’américaine. Je préfère qu’on m’appelle Tintin, c’est plus rigolo. Avec quel homme politique aimeriez-vous dîner? Aucun. La politique, c’est comme le show-business : tous les petits talents sont éparpillés sans être très efficaces. D’ailleurs, je ne vote pas.

Vous avez des têtes de Turc?

Non, seulement des guignols comme Marchais qui me font rire.

Vidéophile ?

Je l’ai été pendant un moment, mais je n’ai gardé de cette époque que huit ou dix films. Quand on lit un livre, on peut le relire et le voir sous un autre angle en imaginant des situations différentes. L’image impose un mouvement qui ne laisse pas libre cours à l’imaginaire. La musique est le seul art pour lequel la répétition est non seulement admise, mais aussi souhaitable. Avec l’image, elle devient souvent fastidieuse.

Quels sont vos films préférés? «Ivan le Terrible»?

Oui, plus encore «Alexandre Nevski », «La Belle et la Bête »… J’aime aussi «La guerre des étoiles», les films de Jean-Jacques Annaud et «Le grand bleu». Mais je ne vais jamais au cinéma. La foule me gêne et m’angoisse.

Les films X, c’est aphrodisiaque ou dégoûtant?

Aphrodisiaque bien que les dialogues soient nuls… et j’en regarde. Je n’ai pas attendu que Canal+ ou la vidéo me permettent de faire des projections à domicile. Il m’est arrivé d’en voir au cinéma, mais c’était plutôt pour rigoler. J’ai même été en voir un avec Catherine Lara, un jour, entre deux avions!

Et la télé?

La télé n’est intéressante qu’a partir de 23 heures.
Si votre attaché de presse vous annonce un «Avis de recherche», une «Sacrée soirée» et un «Dimanche Martin» pour la promo d’« Excalibur»…
Je n’aime pas les émissions où tout le monde pleure pour des conneries. Mon attaché de presse agit en conséquence. Je ne dédaigne pas «Champs-Elysées», ni même «Sébastien c’est fou» qui est une émission bien faite où les gens ne se prennent pas au sérieux et s’amusent. C’est ce qui m’importe le plus.
On vous a vu dans « Dessinez c’est gagné». Vous aimez les jeux TV? Il y a des émissions cons et celles où on déconne. Je range celle-ci dans la seconde catégorie.
Quelle actrice vous fait craquer? Anémone. Elle a la dimension d’Arletty. Elle peut interpréter des rôles dramatiques avec un talent fou. Isabelle Huppert aussi… Chez les acteurs, c’est Ri-chard Bohringer. J’adore la troupe du Splendid.

Quels sont vos hobbies?

J’aime bien les objets, la brocante et la peinture. J’ai une quantité d’objets dans des cartons que je ressors de temps en temps. En règle générale, j’aime tout ce qui a vécu. J’aime aussi partir loin sans que personne ne sache où je suis.

Sauvage…

De temps en temps, j’aimerais bien appuyer sur un bouton pour que tout s’arrête.

Vous avez une vie de famille?

J’ai envie de vivre comme tout le monde et pour cela je dois me préserver le plus possible. J’aime côtoyer des gens qui n’ont rien à voir avec le métier. J’ai toujours refusé d’exposer mes enfants dans la presse pour avoir une page de plus dans un hebdo.

La quarantaine, c’est comment?

Je suis très bien dans ma peau. Mieux qu’a trente ans. Je me rends compte de tout ce que j’ai fait et des longues années qui m’attendent. Je vais aller tranquillement vers la cinquantaine et profiter de la vie. Le temps défile et j’ai toujours envie de connaître mille choses…

Vous avez des rêves?

Illimités… De toute façon, dans la vie, il y a 80 chances sur 100 d’obtenir le quart de ce qu’on désire. Alors, autant taper très haut!

samedi, mars 22nd, 2014 Mes sujets chauds

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